L'un des ministres les plus influents du gouvernement vient d'être emporté par un scandale politico-financier dont personne ne mesure encore la portée. Chaque jour apportant son lot de rumeurs, de nouveaux soupçons, de révélations, l'atmosphère qui règne dans le pays est devenue pestilentielle. Entre écœurement et colère, la République au bord de l'asphyxie a besoin du vent frais de la vérité, du vent vif de la révolte contre le fric, l'arrogance et le mensonge dont Jérôme Cahuzac est devenu le symbole.
Hier héros d'une politique libérale, impitoyable avec les faibles et douce avec les puissances de l'argent, celui-là même qui assénait sans ciller, « la lutte des classes, je n'y ai jamais cru », est devenu l'emblème indigne d'une gauche qui a perdu toutes ses valeurs.
Les admirateurs et courtisans d'hier, rejoignant précipitamment la curée, ne nous ferons pas le coup du serpent isolé que la gauche, insouciante, aurait nourri en son sein.
Ce dont Cahuzac est le nom, c'est celui du conflit d'intérêts institutionnalisé entre puissances de l'argent et de l'ensemble du monde politique, FN compris, à l'exception du Front de gauche. Ce dont il est le nom, c'est celui de la politique de rigueur et d'austérité exigée par le Medef (voir encadré). Ce dont il est le nom, c'est le mépris du peuple, le mensonge et la résignation.
Car, et c'est là peut-être le terrible mais précieux enseignement de cette affaire, Cahuzac ne mentait pas moins lorsqu'il prétendait, les yeux dans les yeux, qu'il n'y a pas d'alternative à l'austérité, que lorsqu'il niait, en bloc et en détails, les accusations du site Médiapart.
C’est bien le système de l’argent roi, érigé en table de la loi de la réussite, de la compétitivité ou de la concurrence, qui permet l’évasion fiscale, les paradis fiscaux, les spéculations en tout genre. Oui, le capitalisme corrompt les décideurs pour mieux se mettre à l’abri des foudres des peuples qui n’en peuvent plus.
Comme le Front de gauche l'avait proposé dans la campagne, il faut une nouvelle République, sociale et citoyenne. Or les mesures proposées par le Président de la République sont nécessaires mais ridicules face à l'enjeu.
Pour les communistes, c'est clair : il n'y aura pas de rétablissement de la confiance perdue sans qu'enfin soient conférés des pouvoirs directs aux citoyens comme aux salariés. Le changement véritable est à cette condition.
Alors que les mots sont en passe de perdre toute valeur, l'heure est aux actes les plus forts pour inscrire la transparence et la justice au cœur de notre démocratie.