Section de Paris 19 è arrondissement

D’aucuns croyaient que depuis l’émergence en Afrique du Sud d’une république arc-en-ciel l’apartheid avait disparu de la surface de la terre. Erreur. Il sévit toujours, notamment à Hébron, en Palestine occupée, comme a pu le constater une délégation du Comité Palestine Paris 19ème¹, qui s’est rendue sur place début avril.

Hébron, ville de 160.000 habitants et centre économique de la Cisjordanie, est coupée en deux zones. L’une, Hébron 1, sous administration de l’autorité palestinienne, est animée, joyeuse, débordante de vie et d’activité. L’autre, Hébron 2, sous contrôle israélien, est une ville fantôme où 400 colons appuyés par plus de 2000 soldats israéliens maintiennent sous leur joug 40.000 Palestiniens.

Dans la rue par laquelle nous entrons dans Hébron 2 tous les magasins ont été fermés par ordre de l’occupant, les devantures métalliques soudées pour s’assurer que les commerçants ne viendront pas s’y réinstaller et l’étoile de David peinte sur les façades de la même manière que les nazis peignaient la croix gammée sur les vitrines des boutiques confisquées aux commerçants juifs. Au demeurant, pourquoi ces boutiques resteraient-elles ouvertes : la rue est interdite aux Palestiniens. Pour se rendre à Hébron 1, ne serait-ce que pour y faire leurs courses quotidiennes, ceux-ci doivent emprunter des sentiers détournés, étroits, escarpés, entrecoupés de longues volées d’escaliers. Sur leurs parcours, ils peuvent lire, inscrites en grandes lettres sur un mur, le destin auquel les vouent les colons : « Gas the Arabs² ».

Ces mêmes sentiers, ce même message de haine, les enfants palestiniens les endurent pour se rendre à l’école. Ils le font accompagnés par des volontaires d’ONG, dont certaines sont israéliennes, qui s’efforcent, tant bien que mal, de les protéger contre les actes de violence des colons. Bien triste école en vérité : sa minuscule cour de récréation est encerclée de hauts murs encore rehaussés de grillage ; il faut bien protéger les enfants des pierres et des bouteilles que les colons se plaisaient à y jeter.

Pour accéder à Hébron 1, puis de nouveau au retour, les Palestiniens d’Hébron 2 subissent le contrôle d’un « check-point » où les soldats israéliens, s’il leur en prend l’envie, peuvent leur imposer une longue attente, alignés derrière une ligne rouge marquée au sol. Cela vaut y compris pour les malades en situation d’urgence médicale : transportés sur un brancard jusqu’au check-point, c’est seulement après contrôle qu’ils peuvent accéder à Hébron 1 pour y être enfin montés dans une ambulance et pris en charge par du personnel médical.

Et gare à qui ne se montre pas assez docile. Notre ami H., qui s’obstine à revendiquer le droit d’être traité comme un être humain, s’est vu interdire de quitter Hébron 2, perdant de ce fait son emploi et toute source de revenu. Non contente de poster un barrage militaire à l’entrée de la rue qui mène à sa maison, l’armée israélienne à installé sur le toit même de sa maison un mirador occupé en permanence par des soldats en armes. Alors qu’il souhaitait nous inviter dans son foyer pour le thé de l’amitié, les soldats israéliens nous en ont interdit l’accès, vociférant que nous n’avions rien à faire dans cette ville qui leur est destinée depuis 3000 ans. La femme et les enfants de notre ami, qui nous ont rejoints dans le local de l’association d’entraide qu’H. anime envers et contre tout dans les pires difficultés, ont été insultés par les soldats israéliens de la manière la plus ordurière.

Le boycott de l’Afrique du Sud par le monde civilisé a fait céder le gouvernement afrikaner. Il est grand temps d’utiliser la même arme pacifique contre la politique d’apartheid du gouvernement israélien.

Comité Palestine Paris 19^ème